L'equerre et l'oiseau, L'art et la manière de Zarbula.
Paul Gagnaire
I Introduction:Un homme aperçu de dos.
II La découverte de la méthode..
1) Ce que manifestent les cadrans subsistants
2) à la latitude 45° tout s'explique : nature et géométrie.
4) La méthode généralisée (voir sous-dossier ‘’zarbutests’’)
5) Le rapporteur des compagnons
1) Famille N° 1: Pensées religieuses, patriotiques, politiques.
2) Famille N° 2: Devises philosophiques ou morales. Variations sur la vanité des choses.
3) Famille N° 3: Devises optimistes,épicuriennes.
4) Famille N° 4: Devises relatives à la fuite du temps, à son emploi.
5) Famille N° 5: Devises relatives à la dernière heure, à la mort.
6) Famille N° 6: La Terre tourne;non le Soleil.
7) Famille N° 7: Devises relatives au cadran, à sa marche.
8) Famille N°8: Les bienfaits de Dieu, de la lumière,du Soleil.
9) Famille N° 9: Pensées humoristiques. Jeux de mots. Jeux de lettres.
V Dépouillement des cadrans subsistants: chronologie. Statistiques.
2) Ouvrages de gnomonique récents et très répandus à l’epoque de zarbula.
4) Rois de France, Roi des Français, Empereur des Français
5) Rois de Piémont-Sardaigne, roi d’Italie.
1) Annexe 1 : Méthode complète dite "des compagnons".
2) Annexe 2 : Méthode géométrique moderne.
3) Annexe 3 : Brèves notions sur la peinture à fresque.
VII Conclusion: la transmission du savoir: les maîtres.
REMARQUE INTRODUCTIVE:
L’essentiel de cette note a paru dans notre ouvrage « Cadrans solaires en Savoie »
Ed. Société savoisienne d’Histoire et d’Archéologie
Collection : Mémoires et Documents. Tome CI. 1999. Pages 130 à 137.
Ensuite, la Société Astronomique de France lui a consacré un long article dans le N° 1
de ‘’ Cadran-InfO ‘’ , Revue de sa Commission des Cadrans solaires
Février 2000 Complément : pages 29 à 70.
Lorsqu'il eut à représenter Giovanni Francesco Zarbula sur la couverture d'un livre [1] , le peintre, cadranier et fresquiste de renom, Rémi Potey, dessina un personnage vu de dos, juché sur un échafaudage et terminant, au pinceau, le superbe cadran de la marquise de Bardonnèche qui, depuis 1840, attire le regard de qui traverse Vallouise et le fait réfléchir sur la vanité des choses.
Le bras levé cache, aux trois quarts, le visage et une "felix culpa" de l'imprimeur a laissé tout blanc le corps du peintre. On peut penser que le pantalon, tel celui qu'enfilaient, traditionnellement, les maçons et les plâtriers-peintres, en ces époques, avait été largement taillé dans cet inusable velours côtelé surnommé par chacun, fût-il bien poli, du "cul de diable".
Les gens délicats et point trop pauvres en atténuaient la rudesse, surtout lorsqu'il s'agissait de marcher longtemps sur les grands chemins, en revêtant, par dessous, un caleçon fin, coupé dans cette sorte de satin suisse connu de tous sous le nom de "peau d'ange" et il ne manquait pas d'esprits forts pour ironiser sur la peau de l'ange à l'intérieur du cul du diable.
Par dessus, du cou jusqu'à mi-cuisse, l'ample coltin de grosse toile écrue protégeait de la pluie, du soleil et des taches de peinture.
Rémi Potey a donné, là, le meilleur portrait qu'on puisse imaginer de son "Grand Ancien". Seule l'oeuvre fera connaître l'homme et l'artiste. Du personnage, devenu un peu trop folklorique, il n'y a que peu de chose à dire. Il est Piémontais mais, curieusement, la plus grande partie de ses créations se trouve dans notre actuel département des Hautes-Alpes [2] . A l'époque de sa production, soit de 1832 à 1872, l'actuel département de la Savoie est piémontais (jusqu'en 1860); or Zarbula n'y a créé que deux cadrans, du moins à notre connaissance. En Dauphiné, il est vraiment un immigré, un travailleur immigré, même.
Le premier cadran à date certaine et signé remonte à 1832. Donc, Zarbula doit être né, au plus tard, vers 1812. Ainsi, lorsqu'il signe ses six derniers cadrans, en 1872, à Sestrière, Pragelato et Sauze di Cesana, c'est, au moins, un sexagénaire. Fut-il Compagnon, Franc-Maçon, Carbonaro, les trois ensemble ou rien de tout cela ? Nous ne savons pas. Sans doute, il peint l'équerre et le compas emblématiques, superposés ou entrelacés, une fois en 1845 puis cinq autres fois, en 1860, 1868, 1869, et 1872. Mais cela le désigne-t-il comme Maçon, ou bien est-ce le propriétaire de la maison au cadran qui avoue, ainsi, sa qualité ? Qu'il s'agisse du peintre ou de son client, afficher ainsi son appartenance contreviendrait à l'obligation de discrétion, même si ce n'est pas, là, violer le secret de la loge.
On peut même se demander ce que valaient les sentiments patriotiques de Zarbula envers sa patrie piémontaise: en 1849, année terrible pour le royaume de Piémont-Sardaigne dont les armées furent écrasées à Novare, par l'Autriche, tandis que son roi, Charles-Albert de Savoie-Carignan était contraint à l'abdication et à l'exil et devait mourir six mois plus tard, inconsolable, Zarbula, lui, peint les deux cadrans de l'église Saint-Romain, à Molines-en-Queyras. Mais fait-on la guerre à 40 ans bien sonnés ?
En revanche, il est hors de doute que Zarbula fut un infatigable marcheur. Pendant quarante ans, il a arpenté les routes et les chemins des Hautes-Alpes, des Alpes de Haute-Provence et de la Savoie, de ce côté-ci des Alpes, et les chemins et les routes du Piémont, sur leur autre versant. Les romanciers, qui savent parfois comprendre mieux que les historiens, l'âme des artistes, nous le représentent, volontiers, dans l'ardeur du soleil des montagnes ou plié sous la bise lombarde au passage du col de l'Echelle. Il fait porter son bagage par une mule fidèle et débonnaire que, parfois, les charrois de bois poussent au fossé où se dispersent les pochoirs, les cartons décorés d'oiseaux de Paradis et les listes de devises qui font toute la richesse de ce vagabond habile à découper le temps. Pourtant, la zone où se circonscrit son oeuvre est minuscule: Valloire, Fenestrelle, Argentera et Seyne en forment les quatre sommets matérialisant, ainsi, un rectangle d'à peine 3500 kilomètres carrés. Mais, cette petite campagne, il l'a sillonnée sans relâche, allant, venant et revenant.
Son activité et sa production sont déconcertantes:en 1840 il crée 11 cadrans mais pendant des années, on ne trouve sa signature nulle part, de 1834 à 1838, par exemple.
Toujours, cet homme se présente de dos ! Alors, pour essayer de comprendre quel il fut, demandons-nous ce qu'il a su faire dans les trois domaines de la technique gnomonique, de l'expression artistique picturale et de l'éloquence moralisatrice des devises de cadrans. Pour évoluer à l'aise dans ces trois domaines, une quatrième partie rassemblera, sous forme de tableaux chronologiques et statistiques, toutes nos informations sur l'œuvre de Zarbula. Dès à présent nous utiliserons les symboles et les abréviations choisis pour ce dépouillement.
L'exactitude d'un cadran peint à même un mur vertical, donc non susceptible d'ajustements lors de la mise en station, dépend du respect de deux exigences:
1°) il faut que le tracé soit cohérent, c'est à dire élaboré par une méthode correcte, validant toutes les lignes horaires.
2°) il faut, en outre, que ce tracé convienne au mur destinataire, donc prenne en compte, le plus rigoureusement possible, la déclinaison du mur, c'est à dire l'angle dont le plan du mur s'écarte de la direction Est-Ouest.
Il est assez facile d'étudier comment Zarbula a maîtrisé ces deux contraintes, la première surtout, qui laisse de nombreuses traces des manœuvres de construction graphique. La seconde contrainte, qu'il faudrait vaincre en premier parce que, chronologiquement, elle conditionne le bon déroulement du tracé, est parfois plus difficile à saisir car elle peut ne pas laisser de traces , à moins que de telles traces n'aient, ensuite, été camouflées, soit pour installer un décor, soit, tout simplement, par élégance ou discrétion, voire par prudence à l'encontre des plagiaires et des concurrents.
Comme on peut s'y attendre, ce sont les cadrans les plus ruinés qui offrent le plus de renseignements, car la disparition de leur couche picturale y laisse à nu des pointés, des droites ou des cercles, à peine incisés dans l'enduit mural et qui manifestent, comme au tableau noir de l'école, le cheminement géométrique du cadranier.
A cet égard, le triste cadran de la maison Feutrier, à Valloire-Les Verneys (sans date N°4), lorsque nous l'avons photographié, en Juillet 1985, n'était plus qu'une maigre épure, mais cette lamentable ruine montrait, à livre ouvert, tous les secrets du cadranier, jusqu'à ce qu'une restauration de 1998 les fasse à nouveau disparaître. Voir le schéma N°0 dans le sous-dossier ‘’ZarbuSchemas.’’
Depuis, deux remarquables albums de Pierre Putelat [3] présentent des photographies si nettes et si précises que, sur d'autres cadrans, toutes les manœuvres constructives de Zarbula y transparaissent, sans la moindre ambiguïté.
L'observation attentive de ces photos et de quelques autres que nous avions prises auparavant, en tout trente clichés, permet de mettre en évidence un certain nombre de constantes:
1°) présence d'une droite horizontale qui coupe la ligne de midi en un point <H>, à mi-distance entre le point <C> , (point de concours des lignes horaires), et le point <Q> , (point de passage de l'équinoxiale sur la ligne de midi. Certains cadrans montrent même un arc de cercle centré sur <H> qui relie <C> et <Q> démontrant ainsi l'égalité des segments <CH> et <HQ>.
2°) présence d'une ligne équinoxiale (dite aussi équatoriale), ostensiblement affirmée, débordant très souvent le cadre le plus extérieur du cadran, pour se prolonger sur le mur. Cette équinoxiale n'est jamais camouflée sur le cadran terminé et il y a à cela une bonne raison: c'est qu'il suffit de posséder une telle droite sur un mur, n'eût-on plus rien d'autre, pour être capable de reconstituer le cadran tout entier.
Si, en plus de l'équinoxiale, on possède aussi le centre <C>, on pourra retracer le même cadran; si le centre n'est plus visible, on tracera un cadran-frère.
3°) cette équatoriale coupe la droite de l'horizon, définie ci-dessus, en un point triple par où passe aussi la ligne horaire de VI heures du matin ou de VI heures du soir. Ce point triple est, lui aussi, toujours mis en valeur, parfois même, au-delà de l'encadrement du cadran, un peu comme si Zarbula voulait ainsi procurer à son commanditaire une preuve de l'exactitude de son tracé [4] . Mais, en réalité, il ne prouve que la cohérence de sa méthode, puisque toutes les maladresses éventuelles restent possibles.
4°) présence de la ligne sous-stylaire, rarement tracée en plein, mais presque toujours pointée. Quand nous exposerons, plus loin, les étapes de la méthode de Zarbula, nous verrons que l'équinoxiale est tracée après la sous-stylaire et perpendiculaire à celle-ci. Donc ce que nous disions des possibilités de restauration, à partir de la seule équinoxiale, est à reprendre ici: il suffit d'une sous-stylaire subsistante sur un mur, pour pouvoir reconstituer tout le cadran disparu ou y composer un cadran-frère. En ce sens, la sous-stylaire est bien le " méridien du cadran ".
On trouve, cependant, une ligne sous-stylaire tracée en plein dans: PA .page 52 gauche et PA. page 56.
5°) outre des cercles qui ont manifestement servi à distribuer le décor autour du pied du style ou autour du centre du cadran, lorsque le style est décentré, on remarque assez souvent un cercle ou une portion de cercle centré sur ce même pied du style polaire, mais vers le bas du cadran et qui se trouve noyé dans une grosse étoile, apparemment décorative mais dont, parfois les branches se superposent aux lignes horaires.
6°) présence d'un cercle ou d'une portion de cercle toujours centré sur un point de la sous-stylaire.
7°) deux rayons de ce cercle, écartés à 90°, s'alignent, l'un sur le point triple <T>, déjà cité, l'autre sur le point <Q>, également cité ci-dessus. Cette configuration, très caractéristique en gnomonique et pas seulement chez Zarbula, oblige à penser à un cercle diviseur de l'équatoriale. Le fait que ce cercle ne laisse pas souvent apercevoir ses graduations, tous les 15°, pour les heures rondes ou tous les 7°30' pour les demi-heures peut s'expliquer de deux façons:
-ce cercle ne sert qu'à positionner, le moment venu, un vrai rapporteur de dessinateur ou bien le "rapporteur des Compagnons", sans doute assez connu sur les chantiers, en ces époques (voir en 14 ci-dessous).
-par élégance ou discrétion Zarbula a fait disparaître cette graduation le plus possible. Mais on la distingue nettement sur le cadran 1840/5, ainsi que sur des cadrans antérieurs à Zarbula et construits selon la même méthode.
8°) l'horizon et l'équinoxiale ne fonctionnent jamais sur les cadrans de Zarbula (par l'ombre du style) car ce style polaire est toujours beaucoup trop long et sa longueur n'est jamais fractionnée à la mesure utile par une boule, un oeilleton, une barrette, une encoche ou tout autre artifice. Ces deux lignes sont donc purement constructives. A l'extrême rigueur, pour ne pas paraître sectaire, nous ferons une réserve pour le cadran des Orres (Le Mélezet), où se verrait l'ombre d'une boule: photo PHA page 11.
Il s'agit, maintenant d'agencer nos découvertes en un processus qui les admette toutes et qui conduise à la réalisation de cadrans satisfaisants. Cette démarche cadranière devra ensuite passer l'épreuve du feu, en concordant avec les résultats de tests calculés. Nous ne pouvons pas ici retracer l'historique de notre recherche, avec ses succès et ses échecs, ses abandons et ses avancées. Le temps dévorateur a englouti tout cela. Il reste qu'un jour, nous avons eu l'intuition que le savoir-faire de Zarbula, dont les cadrans sont justes, ne fonctionnait correctement qu'à la latitude 45°. Cette égalité de <CH> et de <HQ> heurtait trop violemment l'idée que tout se déforme sur un cadran dont on fait varier la latitude, la déclinaison ou l'inclinaison ! Il nous fallait donc trouver pourquoi, à 45°, elle s'avérait. Nous pensions aussi que Zarbula ne s'était jamais posé la question. En effet, son cadran le plus septentrional se trouve à Valloire, en face de l'Hôtel de la Poste, avec une latitude de 45°09' et son cadran le plus méridional a été tracé en Ubaye, près de Barcelonnette, à une latitude de 44°23'. L'écart entre ces deux localisations ne représente que 46' en latitude soit, environ, 85 kilomètres, alors que 1° de méridien vaut: 111,111 kilomètres. Notre prochain paragraphe 13 dira pourquoi, à 45°, la méthode de Zarbula est infaillible, mais pour le moment, voici, détaillées, les étapes de la construction d'un cadran zarbuléen à cette latitude de 45°. A mesure que nous l'exposons, le lecteur pourra la voir se développer sur les schémas, numérotés comme les étapes: N°1, 2, 3, 4, 5. (Voir sous-dossier ‘’ZarbuSchemas’’
a) choisir arbitrairement le point <C> : ce sera le centre astronomique du cadran, point de concours des lignes horaires et pied du style polaire qui, en ce point, sortira du mur.
b) en <C> implanter un style droit provisoire, c'est à dire une longue tige, perpendiculaire au mur.
c) un jour donné, et, de préférence, à proximité du solstice d'été, suivre et pointer sur le mur, de 5 en 5 minutes, ou tous les quarts d'heure, le parcours et la position de l'ombre de la pointe du style droit.
On obtient ainsi la courbe journalière <DS> de la déclinaison du Soleil. Opérer, comme nous venons de le dire, près du solstice d'été, procure une hyperbole pratiquement parfaite puisque, en ces jours, la déclinaison du Soleil ne varie que très peu. Il serait moins bien d'opérer à proximité des équinoxes où la situation est inverse.
d) une fois l'hyperbole tracée, et à condition que son point d'inflexion y figure, mener par <C> un arc de cercle qui la coupe en <J1> et <J2>. Marquer <M> milieu du segment <J1J2>.
e) une perpendiculaire élevée en <M> doit passer par le point <C>. C'est la ligne sous-stylaire ou "méridien du cadran".
f) de <C> et au fil à plomb, tracer <CV> qui est la ligne de midi.
g) éliminer le style droit.
REMARQUE 1°): Puisque cette construction requiert la ligne de midi, il est clair qu'elle est inutilisable pour le cadran oriental et pour le cadran occidental. En revanche, elle permet de tracer des cadrans déclinant au Nord-Est ou au Nord-Ouest.
REMARQUE 2°): Une vérification du positionnement de la sous-stylaire est facile: deux arcs de cercle, tracés avec J1 et J2 pour centres, doivent se couper sur <CS>, au point <M1>.
C'est dans cette première étape que réside la moitié de l'ingéniosité de Zarbula. En effet, si l'on n'obtient pas la sous-stylaire ainsi, directement, grâce au Soleil lui-même, il faut mesurer la déclinaison du mur, ce qui a toujours été et reste, de nos jours encore, délicat [5] . C'est la méthode du cercle hindou rarement préconisée pour des cadrans verticaux mais encore citée par P.I. Drinkwater in "The Art of Sundial construction". Edité :chez l'auteur: P.I.D. 1985 p.35 [6] .
a)sur la ligne de midi choisir les points <H> et <Q>, arbitrairement, mais avec cette condition que soit satisfaite l'égalité: <CH> = <HQ>. En outre, il faut laisser de la place en dessous de <Q> pour les ombres longues de l'été.
b) par <H> tracer une perpendiculaire à la ligne de midi. C'est l'horizon du cadran.
c) par <Q> mener une perpendiculaire à la sous-stylaire. C'est l'équinoxiale.
d) repérer le point <T> à l'intersection de l'horizon et de l'équatoriale. La future ligne de VI heures, du matin ou du soir, doit impérativement passer par ce point triple.
a) chercher, par tâtonnements, sur la sous-stylaire, un point <W>, tel qu'un angle de 90° l'admettant pour sommet, vise les deux points <Q> et <T>. En pratique on fera comme Zarbula, en promenant une équerre sur le dessin jusqu'à ce que la triple condition soit satisfaite, ce qui est bien plus facile à obtenir qu'à expliquer. Ilest clair que la manoeuvre va même procurer deux points <W> équidistants de l'équinoxiale. Naturellement, on choisira le plus éloigné de <C> pour des raisons de lisibilité. Mais l'autre pourrait se révéler utile, par la suite, pour passer les lignes extrêmes.
b) sur le point <W> placer le centre d'un rapporteur (ou équatorial auxiliaire), et, tous les 15°, pour les heures rondes ou tous les 7°30' pour les demi-heures, et ainsi de suite, mener les rayons ainsi définis jusqu'à l'équatoriale où les points de division seront marqués: <Q1>, <Q2>, etc. Les lecteurs familiers de la trigonométrie noteront que, quelle que soit la déclinaison du mur, on a toujours:
<QW> = <CQ> * sin (90-lat),
ce qu'ignorait, évidemment, Zarbula.
Toute cette troisième étape se fonde, implicitement, sur le théorème bien connu: le lieu géométrique de tous les points d'où l'on peut voir les extrémités d'un segment sous un angle de 90° est un cercle dont ce segment est le diamètre.
a)joindre le centre <C> aux points de division de l'équatoriale à l'instant obtenus: <Q1>, <Q2>, etc.
b)si des points <Qn> n'ont pu être obtenus parce qu'ils sortaient de l'épure, le point <W> le plus proche de <C> non utilisé jusqu' à présent pourrait jouer un rôle.
Le cadran est terminé mais il faut l'équiper de son style polaire, éventuellement soutenu par une jambe d'appui. Leschéma N° 5 procure la solution, élémentaire, déjà connue à l'époque de Zarbula et qui n'appelle qu'un seul commentaire: pour toutes ces constructions, Zarbula a ignoré, superbement, la déclinaison du mur, ce qui lui aurait permis de tracer des cadrans sur des murs regardant vers le Nord-Est ou vers le Nord-Ouest, mais lui aurait interdit de tracer des orientaux ou des occidentaux. Mais, ici, ce dernier schéma va lui offrir, en prime, la déclinaison du mur. C'est l'angle <MVS>. Quant à la construction du triangle <VCS'>, c'est, à la latitude 45°, un simple jeu: ce triangle n'est pas autre chose que l'équerre isocèle que, comme tout bon maçon, Zarbula range dans sa boîte à outils !
Toutes ces choses étonnantes qui se passent à la latitude 45° ne font qu'aiguiser notre curiosité: qu'advient-il de ces facilités lorsque l'on se déplace, au nord ou au sud de ce cercle enchanté ?
Il suffit d'observer attentivement des cadrans verticaux établis à d'autres latitudes que 45° pour constater deux choses:
1°) l'égalité, sur la ligne de midi, entre <CH> et <HQ> disparaît.
2°) à une latitude donnée, les distances entre <CH> et <HQ>, toujours sur la ligne de midi, ne dépendent pas de la déclinaison du mur. La ligne de midi fonctionne comme une charnière autour de laquelle tourneraient tous les plans verticaux déclinants.
Comme il reste possible de faire indiquer le méridien du cadran, directement par le Soleil, à n'importe quelle latitude, la méthode de Zarbula va rester efficace, pourvu qu'il soit possible de placer <H> et <Q> sur la ligne de midi. Ensuite, l'équinoxiale se tracera par <Q> en atteignant la sous-stylaire sous un angle de 90° et la suite des opérations, du moins pour le cadran, se déroulera comme à la latitude de 45°.
Or, il se trouve que le placement de <H> et de <Q> sur la ligne de midi s'opère sans difficulté et c'est même le Soleil qui fournit la solution ou, tout au moins, la suggère.
Le schéma N° 6 montre comment opérer. Par rapport aux quatre premières étapes du tracé à la latitude de 45°, il faut seulement consentir à décider, d'entrée de jeu, de la longueur du style polaire. En outre, il n'est plus possible de se passer d'un rapporteur procurant, au moins, les degrés, avec une précision honorable.
Pour la détermination de la latitude, qui n'est plus 45°, plusieurs méthodes pourraient être envisagées, sans de grossiers anachronismes; peut-être, même, la hauteur de la Polaire qui a l'avantage de ne pas exiger un matériel compliqué, mais cela reste douteux.
Ce schéma N° 6 n'appelle pas d'explications complémentaires si ce n'est pour faire observer que, maintenant qu'il ne s'agit plus de notre Zarbula en personne, mais seulement d'une généralisation de sa méthode, nous ne nous sentons plus contraint d'ignorer la trigonométrie; aussi, donnons-nous les formules qui permettent l'automatisation des calculs géométriques.
Et, également, par ce schéma N°6, la détermination du point <W> se trouve extrêmement facilitée; en effet, il suffit de tracer un arc de cercle, centré sur <Q>, et de rayon <CS> qui vient couper la sous-stylaire exactement au point <W> cherché.
Pour ce qui concerne le schéma N° 5 montrant la construction du système stylaire, à la latitude de 45°, il est clair qu'il demeure valable à toutes les latitudes, à condition de respecter les exigences suivantes:
-l'angle <VCS'> reste égal au complément de la latitude ou colatitude; mais ce n'est plus 45°.
-les segments <CV> et <VS'> n'étant plus égaux, on ne peut plus dire que le triangle <CVS'> est une équerre isocèle.
Enfin, le schéma 10 et son tableau d'élaboration chronologique, propose un tracé complet, jusqu'à obtention du point <W>. Ce point <W> y est déterminé par trois manoeuvres successives qu'on retrouve aussi dans d'autres méthodes géométriques et qui offrent une excellente vérification des opérations.
Voici un enchaînement possible, selon le schéma 10:
- choisir le point <C>.
- de <C> abaisser la droite verticale <C-XII>.
- en <C> placer un style droit provisoire dont l'ombre considérée en son extrémité, permettra de marquer l'hyperbole diurne du Soleil. Grâce à la méthode du cercle hindou, on obtient la ligne sous-stylaire.
- éliminer le style droit.
- de <C> tracer <CS>, le style polaire rabattu sur le plan du mur et de longueur déjà choisie. Ce rabattement fait, avec la ligne XII, un angle égal à la colatitude.
- par <S> pointer <H>, passage de l'horizon sur XII.
- pointer <Q>, passage de l'équatoriale sur XII.
- tracer <SQ>, perpendiculaire à <CS> en <S>.
- par <Q>, tracer l'équatoriale perpendiculaire à la sous-stylaire au point <F>. Elle coupe l'horizon au point <T>.
- une équerre dont le sommet de l'angle droit sera sur la sous-stylaire, et dont les côtés de ce même angle droit seront alignés, simultanément, sur <Q> et sur <T>, procurera le point <W>, sur la sous-stylaire, centre du rapporteur diviseur de l'équatoriale.
Ce point <W> s'obtient aussi, ou se vérifie, ainsi: de <Q> un arc de cercle, de rayon <QS>, vient couper la sous-stylaire au même point <W>. Il procure même une autre intersection en <W1>, qui peut se révéler pratique pour le tracé des lignes horaires extrêmes.
La suite des opérations se présente ainsi:
- de <Z>, point où l'horizon coupe la sous-stylaire, on érige une perpendiculaire à la sous-stylaire. Elle définit le style droit ou jambe d'appui.
- on la limite au point <S2> où elle est coupée par une droite <CS2>, de même longueur que <CS>. Plus simplement, on trace, depuis <C>, avec un rayon <CS>, un arc de cercle qui définit <S2>.
- cette droite <CS2> est aussi le style polaire, mais non pas rabattu sur le plan du mur, depuis la ligne XII, mais rabattu depuis la sous-stylaire. Ainsi le triangle <CZS2> est le dessin du véritable triangle stylaire.
Une troisième construction peut, alors, donner encore le point <W>: de <F>, comme centre, un arc de cercle, de rayon <FS2>, passe au point <W>, sur la sous-stylaire et aussi, si l'on veut, au point <W1>.
On remarquera qu'aucun calcul n'a été nécessaire; ils ne sont là que pour vérification si le lecteur le souhaite.
Par rapport à la méthode Zarbula à la latitude 45°, cette construction n'exige, en plus, que de connaître la latitude et de choisir immédiatement la longueur réelle du style polaire.
Peut-être, l'image de Zarbula tirant de sa boîte à outils un rapporteur en bois verni, jaune, comme on en voit dans les écoles de dessin, heurte-t-elle l'idée que se font certains lecteurs de "l'art populaire dans nos montagnes" comme dit le Docteur Raphaël Blanchard [7] . Ils ont sans doute raison. Zarbula devait plutôt utiliser un appareil plus rustique tel le "rapporteur des Compagnons", ou "rapporteur du tailleur de pierre", dont notre schéma N° 7 explique le principe de construction. Autrefois, ce rapporteur était considéré comme couvert par le secret compagnonnique. Mais il y a beau temps que ce secret n'en est plus un; aussi, bien que répugnant à révéler ce qui n'a pas destiné à la place publique, nous ne nous croyons pas obligé de le respecter encore. Du reste, la revue "Science et vie, dans son N° 886 de Juillet 1991, sous la plume de Renaud de La Taille, expose, dans ses pages 42 à 47, comment tracer des angles avec, seulement, une règle et un compas et cette description englobe le savoir-faire compagnonnique qui fut à l'origine du fameux rapporteur.
Voici, pour apprécier la qualité des résultats ainsi obtenus, une comparaison entre les valeurs des Compagnons et celles des géomètres, pour le segment <KC> et pour l'angle <HGD>.
ANGLE SEGMENT <KC> SEGMENT <KC> ANGLE <HGD> ANGLE <HGD>
DEGRES COMPAGNONS GEOMETRES COMPAGNONS GEOMETRES
=======================================================================
10 10 9.963 3.671 3.657
20 20 19.955 7.311 7.295
30 30 30.000 10.894 10.894
40 40 40.111 14.392 14.430
50 50 50.283 17.784 17.878
60 60 60.483 21.052 21.207
70 70 70.626 24.183 24.374
80 80 80.556 27.168 27.329
90 90 90.000 30.000 30.000
Ou la mise en scène du temps chez Zarbula
Pendant quarante ans, Zarbula a peint, au moins, soixante-dix cadrans (2). Tous les auteurs qui l'ont commenté s'accordent à mettre l'accent sur sa manière et sur le choix de ses décors. Pour eux, il est l'homme qui trace des encadrements en escaliers, leur donne du relief en les remplissant de faux-marbres, souvent rouges ou jaunes, dessinés, parfois, par motifs répétitifs, et qui les surmonte d'oiseaux exotiques. Ces volatiles se caractérisent par un long bec, une queue en éventail et une huppe au garde-à-vous sur leur petit crâne, comme le plumet au shako des voltigeurs de la Garde.
Des cadrans de ce modèle-là, on en compte bien assez pour dire que c'est cela que le cadranier aimait faire, voulait faire et parvenait à imposer à ses commanditaires. Sans doute, on nous le représente, parcourant le Queyras et le Briançonnais, escorté de sa mule dont les fontes contenaient les planches de dessins où faire choisir le client entre le jabiru et le toucan, le Soleil humanisé et la Lune en croissant, les bouquets champêtres dans des vases aux larges bords transformables, d'un coup de pinceau, en corbeilles de vannerie; mais de quel poids Zarbula ne devait-il pas peser sur ces choix puisque, sur les trente-sept cadrans encore visibles dans le dépouillement, dix-sept comportent du faux marbre, quatorze fournissent perchoir aux oiseaux des Iles et seize supportent des bouquets (9) [9] . Le faux marbre est, du reste, une constante dont Zarbula ne s'est jamais affranchi puisqu'il figure déjà sur des fresques de 1840 et perdurera jusqu'en 1872.
Les vases ou corbeilles de fleurs apparaissent en 1845 et, eux aussi, persisteront jusqu'à la fin.
Le bestiaire du Piémontais héberge aussi trois aigles plus ou moins impériales, un écureuil et un bouquetin; on y croise aussi, à partir de 1860, huit coqs, sentinelles de la lumière, surveillant l'Est et l'Ouest en nombre égal. Il faut réserver une mention spéciale au cadran de la marquise de Bardonnèche, en 1840 (notre 1840/1), dont la faune, jamais reprise par la suite, appelle une précision et une hypothèse: le lion lampassé pourrait évoquer un blason familial; quant au sujet de gauche qu'un commentateur hardi et expéditif décrit comme "...une poule à écailles lançant une flèche vers le lion des Alpes..."(PHA p.90), ce qui offre une vision bien tératologique, il représente plutôt, à notre humble avis, un dragon astrolabique dont la boucle caudale figure le nœud descendant de la Lune.
Enfin, nous relèverons, en vrac, mais sans le talent de Jacques Prévert, quatorze Soleils, neufs Lunes, quatre monogrammes IHS rayonnants, des branchages fleuris, des cornes d'abondance, deux crucifix sur socle, et deux Amours armés, chacun, d'un arc, un écureuil qui pourrait bien symboliser Zarbula lui-même, au côté d’une mystérieuse Suzon.
Plus intéressante nous semble l'apparition d'un symbole majeur de la Franc-Maçonnerie: le compas et l'équerre peints six fois, d'abord, timidement, en 1845, puis plus régulièrement à partir de 1860. Nous ne revenons pas sur ce que nous disions plus haut à propos de la Maçonnerie en parlant de l'homme Zarbula, mais il nous semble qu'avec la mise en scène d'un tel symbole, le peintre commence justement à laisser entrevoir l'homme derrière le fresquiste spécialisé.
Mais le plus émouvant reste à venir: ce quinquagénaire, dont la personnalité transparaît en arrière-plan, va devenir un authentique peintre et l'habile décorateur va se muer en artiste.
Car peindre n'implique pas d'être peintre. Cette vocation qui avait ébloui, d'un seul coup, le Corrège, ne va illuminer Zarbula que progressivement. Mais le cadranier va se dégager, en partie du moins, et de temps en temps, des productions répétitives et impersonnelles, des copies machinales sans lien profond avec le thème à illustrer, des coloriages tape-à-l'oeil.
A partir de 1854, après un premier essai en 1845 (notre 1845/2) , il introduit dans ses fresques une mise en scène du temps: seize cadrans vont abriter les lignes horaires sous des draperies évoquant un rideau de scène, avec cantonnières, embrasses et retombées, cordelières et glands, patères pour les relever. Autant le faux marbre manquait de justification esthétique et logique, autant cette présentation des lignes horaires est convenable à l'idée que l'on se fait du temps, spectacle rapide et provisoire, présence fugace et illusoire, entre les deux abîmes du passé et du futur, comédie bien souvent, tragédie parfois.
En vingt ou vingt-cinq ans, Zarbula, désormais parvenu à l'âge mûr, n'a pas pu ne pas réfléchir à la nature de ce temps, qu'il peignait pour le mesurer, et au sens de cette fuite toujours recommencée. Et n'a-t-il pas lu ou entendu l'expression: "le théâtre du monde" ?
Un autre élément va retenir notre attention: ce gros disque, monocolore et vide, qui arrête la progression des lignes horaires, une sorte de trou dans l'éventail, par qui le temps est détruit, aspiré comme dans un vortex. Cela est particulièrement sensible sur certains cadrans où les lignes horaires sont même contenues, une fois de plus, par un autre cercle entourant le disque (nos 1849/1, 1843/1, 1843/2, 1872/6, sans date /4, sans date /5). La fonction horaire se trouve ainsi réduite à presque rien et il ne subsiste plus beaucoup de surface gnomonique sur de tels cadrans.
Sans doute, ce disque a une utilité première: masquer des tracés constructifs disgracieux ou cacher aux profanes ou aux concurrents un savoir-faire qui n'est pas pour eux; c'est ainsi que ce disque a parfois été peint en noir (nos 1843/2, 1849/1, sans date /4, sans date /5). Mais la mise en oeuvre de formes symboliques aussi fondamentales que le cercle et le carré, dans la figuration d'une réalité immatérielle telle que le temps, même si elle est exécutée inconsciemment, par inspiration d'artiste, n'en est pas moins révélatrice de la personnalité de l'auteur et de son implication dans son œuvre [10] . Etre peintre, comme être poète ou musicien, c'est livrer sa vision du monde dans une oeuvre d'art.
Cette décomposition du temps va atteindre son acmé lorsque Zarbula se mettra à dessiner des portiques, en 1872, après un essai en 1860: il s'agit d'arches grandioses, édifiées sur des entablements compliqués, avec des colonnes antiques parfois géminées; l'arc qui les ferme est semi-circulaire et recouvre un espace carré. On pense à un véritable arc de triomphe [11] . Sous cet arc, les lignes horaires convergent vers le disque solaire qui les engloutit. Lorsqu'elles ne sont pas issues des matériaux du portique mais seulement d'un autre cercle (nos 1849/1, 1843/1, 1843/2, sans date /4, sans date /5), la zone qui les contient n'est plus, alors, qu'un mince croissant. Cette porte solaire ouvre sur l'au-delà; elle aussi manifeste le passage du carré au cercle.
Peut-être, Zarbula qui peignait l'équerre et le compas, voulait-il affirmer ainsi, qu'une fois le seuil franchi et le temps aboli, l'homme accédait au royaume de la lumière.
L'examen des devises dont Zarbula a orné ses cadrans ne conduit pas aux mêmes conclusions que l'étude de ses décors: il semble avoir laissé plus de liberté à ses commanditaires. D'abord, il ne "pousse pas à la consommation", puisque sur 82 cadrans recensés, y compris les douteux, il ne s'en trouve que 55 à présenter une ou plusieurs devises qui font un total de 63 sentences. Ensuite, on ne relève pas moins de 32 devises différentes, donc un taux de répétition assez bas:
-devises jamais répétées..........20
-devises répétées deux fois........4
-devises répétées trois fois.…....4
-devises répétées quatre fois......3
-devise répétée onze fois....…....1
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Total.......32
Il est intéressant de procéder à une analyse par thèmes et, pour cela, le recours à la classification de Charles Boursier s'impose tout naturellement. En 1936, Boursier a publié "Huit cents devises de Cadrans solaires", petit recueil qui fait la joie des connaisseurs et leur sert toujours pour un classement thématique. Boursier a réparti ses 800 maximes en 9 familles principales, elles-mêmes subdivisées en 36 sous-familles, au terme d'une fine et, parfois, subtile analyse psychologique. Mais, ici, point n'est besoin de recourir aux sous-familles et la distribution des 32 devises de Zarbula s'effectue sans ambiguïté.
A) Sans le Soleil je ne suis rien.
Et toi, sans Dieu tu ne peux rien.................11 fois.
B) In Deo spem vides
(En Dieu tu vois ton espoir)................….......2 fois.
C) Par le Soleil je donne l'heure
Et en Dieu tu trouves ton espoir........….........1 fois.
D) A solis ortu usque ad occasum laudabile nomen Domini.
(Du lever du Soleil jusqu'à son coucher
il faut louer le nom du Seigneur).........…...... 1 fois.
A) In lucem omnia vana
(A la lumière tout est vain)...................…….....1 fois.
B) Ne sistas te. Lux altius ire monet.
(Ne t'arrête pas.
La lumière t'appelle à monter plus haut)...1 fois.
C) La vita es gairo:un ris, un souffle, un plour.
(La vie est peu de chose:
un sourire, un souffle, un pleur)................1 fois.
A) Sine nube placet
(Qu'il est plaisant sans nuage)........………..........1 fois.
A) Vita fugit sicut umbra.
(La vie s'enfuit comme l'ombre)..........……..........4 fois.
B) Sic vita fugit.
(Ainsi s'enfuit la vie)..........……………................3 fois.
C) Quota sit hora, dum petis, illa fugit.
Quelle que soit l'heure, pendant que tu la demandes, elle s'enfuit).......1 fois.
D) Aussi rapide que l'onde, le temps s'enfuit...…......1 fois.
E) Travaillez car le temps s'enfuit !........………........1 fois.
F) Tempora sic fugiunt pariter.
(Nos temps s'enfuient du même pas)......……..........2 fois.
G) Velut unda latens.../...
(Comme une onde cachée.../...)..............………......1 fois.
A) Ne compte pas sur la première
Car tout dépend de la dernière....…………...............3 fois.
B) Forte tua.
(Peut-être, la dernière pour toi).......…………….......1 fois.
C) Unaquaeque hora inveniat te pingentem aeternitatem.
(Puisse chacune des heures te trouver peignantl'éternité ! )...........1 fois.
D) Ora ne te rapiat hora.
(Prie pour que cette heure ne t'emporte pas)..………….3 fois.
E) Ora ne te fallat hora.
(Prie pour que cette heure ne te trompe pas)...…………..1 fois.
F) Quotidie morior
(Chaque jour je meurs).................…………………..........1 fois.
G) Vulnerant omnes. Ultima necat.
(Elles blessent toutes. La dernière tue.).…………….........4 fois.
H) Et le riche et le pauvre et le faible et le fort
Vont tous, également, des douleurs à la mort..…………...1 fois.
I) En regardant l'heure qu'il est,
Pense à la dernière et tiens-toi prêt ! .....…………………..1 fois.
Aucune devise ne ressortit à cette famille.
A) Coelum regula
(Il est la règle des cieux).........……………………….............1 fois.
B) Je mesure le temps, image mobile
De l'immobile éternité.................………………………..........3 fois.
C) Solo horare do
(Grâce au Soleil je donne l'heure).........…………………........2 fois.
D) Sol me, vos umbra regit.
(Moi, c'est le Soleil qui me gouverne.
Vous, c'est mon ombre.)...........…………….........4 fois.
E) Orior oriente sole. Sole cadente cado.
(J'apparais au soleil levant.
Je disparais au soleil couchant)........…………………........1 fois.
F) Tempori servio
(Je suis l'esclave du temps).............………………………….......2 fois.
A) Sans ta clarté ni ta chaleur
Nous n'aurions ni heure ni fleur...........………………………........1 fois.
B) O,Soleil, tu parais, tu souris,
tu consoles la Terre............………………………......1 fois.
Aucune devise ressortissant à cette famille.
RECAPITULATION
Familles Devises Cadrans * Devises
1 4 15
2 3 3
3 1 1
4 7 13
5 9 16
6 0 0
7 6 13
8 2 2
9 0 0
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32 63
Ce dernier chiffre de 63 s'explique par le fait que certains des 55 cadrans portent plusieurs devises.
Voir le sous-dossier ‘’ZarbuDepouille’’ en pages manuscrites. Il est envisagé de les saisir sous traitement de texte.
Introduction au Dépouillement
SOURCES :
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RB = Docteur Raphaël Blanchard
L’Art populaire dans le Briançonnais : les Cadrans solaires
1ère édition : Paris 1895 in Société d’éditions scientifiques, extrait du Bulletin de la Société d’Etudes des Hautes-Alpes
2ème série. Tome XIII. 1895
2ème édition : Paris 1901. Même éditeur. Mêmes références
Réimpression de la 2ème édition, avec présentation, notes, notices et commentaires
Par Paul Gagnaire et Yves Opizzo. Editions Artissime /Nyons : 1994
AT = Aldo Trinchero, Lando Moglia et Gian-Carlo Pavanello
L’ombra e il tempo Editions Vanel à Turin 1988
PHA = Pierre Putelat
Cadrans solaires des Hautes-Alpes. Chez l’auteur 1992
PA = Pierre Putelat
Cadrans solaires des Alpes. Chez l’auteur 1993 (*)
PG = Paul Gagnaire
Cadrans solaires en Savoie
1ère édition : Société de Sauvegarde de la Nature, des Sites et des Monuments anciens de la Savoie. Chambéry 1986
2ème édition : Société savoisienne d’Histoire et d’Archéologie
Collection : Mémoires et documents ; tome CI . 1999. pages :130 à 137
IT = Inventaire des Cadrans solaires des Hautes-Alpes, réalisé par l’Atelier Tournesol, de Saint-Martin le Vinoux, pour le compte du Conseil général des Hautes-Alpes. 1991
VU = Les Cadrans solaires de la Vallée de l’Ubaye
Présentés par l’Association pour la Protection de la Vallée de l’Ubaye
Barcelonnette, sans date, mais vraisemblablement vers 1991
(*) pour mémoire le très bel album de Gaëlle Ducrot et Pierre Putelat :
Cadrans solaires traditionnels en Queyras-Briançonnais. Editions du Queyras 2003. Œuvre d’art remarquable mais qui n’enrichit pas notre dépouillement actuel établi à partir des deux précédents albums de Pierre Putelat référencés ci-dessus.
On ne possède pas de pièces d’état-civil relatives à Zarbula. Il signe son premier cadran , en 1833, à Brunissard, après en avoir déjà exécuté un l’année précédente, à Arvieux (Les Escoyères). Si on lui accorde de 20 à 30 ans en 1832, il en aurait ainsi de 60 à 70 en 1872, date où il signe ses six derniers cadrans dans le Piémont :
2 à Sestrières
2 à Pragelato
2 à Sauze di Cesana.
Cela nous amène à émettre des doutes sur les attributions suivantes :
Le cadran que IT attribue à Zarbula en 1882, à La Salle des Alpes (hameau Rivo) ,sous numéro : INSAT 900101190 nous semble à rejeter comme trop tardif.
Le même IT agit sagement, à notre avis, en déclarant d’attribution douteuse les deux cadrans :
--Briançon, Place d’Armes 1876 ; PHA page :48 et. IT 901101013
--La Salle des Alpes (Les Pananches) 1879. IT : 910305001
Outre ces considérations, nous signalons que Pierre Putelat mentionne, page 90 de son album ‘’Cadrans solaires des Hautes-Alpes’’ qu’en 1869 la Municipalité de Vallouise a payé 35 francs au peintre Zerbola (sic) pour son travail sur la chapelle Saint-Sébastien, à Vallouise, lieudit ‘’Le Villard’’. Voir photos pp.62 et 63
On peut estimer que le pouvoir d’achat de 35 francs en 1869 était du même ordre que celui de 7000 francs en 1998. Nous ignorons si ce règlement concerne les quatre fresques de la chapelle (2 religieuses et 2 cadrans ) ou s’il se limite aux seuls cadrans.
Dom François Bedos de Celles : La gnomonique pratique 1760, puis :1774, 1780, 1790 …
R.G. de La Prise : Méthode nouvelle et générale …à Bayeux 1780, 1781 ...
J. Mollet : Gnomonique graphique ou Méthode simple … 1827, 1885, …
C. Boutereau : Nouveau manuel complet de Gnomonique élémentaire 1845
PAPES : Grégoire XVI (Mauro Capellari della Colomba) 1765 – 1831 – 1846
Pie IX ( Giovanni Maria Mastaï Ferretti ) 1792 – 1846 – 1878
Louis XVIII règne 1814 – 1824
Charles X règne 1824 – 1830
Louis-Philippe règne 1830 – 1848
Napoléon III règne 1852 – 1870
Charles-Félix règne 1821 – 1831
Charles-Albert règne 1831 – 1849
Victor-Emmanuel II règne 1849 – 1878. Roi d’Italie depuis 1861.
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Provisoirement, le reste du dépouillement, année par année et cadran par cadran, est présenté sous forme manuscrite sous les cotes « ZarbuDep N° 1 à 15 ». La présentation sous traitement de texte reste à faire.
Comme on s'en doute, les Compagnons ont fait bon usage de leur rapporteur décrit, ci-dessus, et il à existé une méthode complète pour tracer des cadrans solaires verticaux. Son déroulement donne naissance au schéma N° 9 et nous en détaillons maintenant les étapes en faisant remarquer que cette méthode ne fait appel qu'au fil à plomb (pour tracer la ligne de midi), à la règle et au compas. De plus, elle permet de créer aussi les cadrans méridional, oriental et occidental, sans grandes différences.
Elle requiert seulement la latitude et la longueur du style polaire, mais se passe de la déclinaison du mur porteur.
1.tracer un cercle de centre <O> et de rayon égal à 90 mesures.
2.tracer la méridienne <CQ> au fil à plomb (ligne de midi).
3.par <Q> tracer le segment <DD1>, horizontal et de 180 mesures.
4.obtenir le point <M> tel que <D1M>=<D1D>=180 mesures.
5.mesurer sur <QD>un nombre de mesures égal à la latitude.
(c'est ici que réside le savoir-faire compagnonnique, non démontrable).
sur le schéma 9 on a choisi 50 mesures pour 50° de latitude.
6.tracer un arc de cercle, de centre <Q>, et de rayon <QD> = 90 mesures.
7.tracer <MA> et prolonger pour obtenir le point <B> sur l'arc tracé au _ 6.
8.obtenir le point <H1> en traçant le segment <QBH1>.
L'angle <CQH1> est égal à la latitude, ici 50°.
9.tracer l'horizon du cadran <H1H2>.On peut, alors tracer <CH1>, qui est le style polaire mais il faut en discuter le côté.
Le triangle <CH1Q> est le triangle méridien, de charnière <CQ>.Son angle <H1> est droit.
10.en <C>, planter un style droit provisoire. Suivre, au cours d'une seule journée et, de préférence, proche du solstice d'été, le trajet, sur le mur, de l'ombre de l'extrémité de cette tige. Pointer ce parcours qui est, quasiment, une hyperbole dont l'équation a pour valeur la déclinaison du Soleil, ce jour-là.
11.tracer au compas l'arc <II1>, de rayon <CI>. (Méthode du cercle hindou).
12.tracer la médiane-bissectrice de l'angle <ICI1>. Cette ligne est la sous-stylaire. Elle coupe le cercle de centre <O> au point <G>. L'angle <CGQ> est un angle droit.
13.tracer et prolonger le segment <QGH'2> qui est l'équatoriale.
14.déterminer, au compas, le point <J>, milieu du segment sous-stylaire <CG>.
15.de <J> comme centre, avec un rayon <JC>, tracer le demi-cercle <CSG>.
16 en prenant <C> pour centre, avec un rayon <CH1>, rapporter <CS>.Comme <CH1> est le style polaire, le triangle <CSG> est le triangle sous-stylaire, de charnière <CG>.
17.avec <G> pour centre et un rayon <GS>, obtenir, sur la sous-stylaire, le point <L> qui est le centre de l'équatorial auxiliaire (ou rapporteur-diviseur de l'équinoxiale)
18.par ce point <L>, et avec un rayon de 90 mesures, tracer le cercle diviseur lui-même. Bien prendre garde à le caler avec un rayon visant le point <Q>, sur la ligne de midi et le rayon ouvert à 90° de celui-là, visant le point <H'2>, soit VI heures ou XVIII heures.
19.l'équatoriale étant divisée, joindre le centre <C> aux points de division. Le cadran est terminé.
N.B: Le choix d'un rayon de 90 mesures permet de se passer du rapporteur de dessinateur et d'opérer en incorporant dans le tracé lui-même, le rapporteur des Compagnons.
Par suite de l'abandon du cercle hindou pour établir la sous-stylaire, les cadraniers modernes qui opèrent encore "more geometrico", doivent d'abord mesurer la déclinaison du mur porteur du cadran, ce qui leur procure l'angle entre la ligne de midi et la ligne sous-stylaire. Cela réussi, ils procèdent, dans les grandes lignes, selon un enchaînement d'opérations exposées ci-après et qui donnent naissance au schéma N° 8.
Il existe un cadran moderne (1933) parfaitement démonstratif de cette méthode puisque les lignes constructives y ont été sauvegardées et, même, mises en valeur. Il orne la façade de l'église collégiale de Balerna, en Suisse (Tessin). Voir sa photographie in:
"Sonnenuhren" (Deutschland und Schweiz).
par Hugo Philipp, Daniel Roth et Willy Bachmann
Ed. D.G.C. 1994.....code / page: Schweiz PLZ.6,27.
Le cadran a pour références: CH6828 / DGC2883.
Voici la marche à suivre:
Première partie: construction stylaire.
-tracer <CM> ligne de midi, au fil à plomb.
-tracer <CN> ligne sous-stylaire dont l'angle avec XII aura été obtenu en complément de la déclinaison du mur.
-tracer <CS> style polaire rabattu, en vraie grandeur, qui fait, avec <CM>, un angle égal à la colatitude du lieu.
-par son extrémité <S> mener une perpendiculaire à <CM>.C'est la ligne d'horizon du cadran. Elle coupe la ligne sous-stylaire en <H>.
-avec <M> pour centre, tracer l'arc <SP> qui coupe en <P> une verticale issue de <H>.Alors <HP> est le style droit, rabattu. Il est en vraie grandeur, puisque <CS> a déjà été tracé en vraie grandeur.
-l'angle <HMP> vaut évidemment (90°-D), avec: D=déclinaison du mur.
Deuxième partie:tracé et division de la ligne équatoriale.
-en <H> élever une perpendiculaire à la sous-stylaire <CN>.
-la couper en un point <Q> par un arc de cercle issu de <P> et ayant <H> comme centre. Ce point <Q> est tel que: <HP> =<HQ>.
-tracer <CQ>
-en <Q> mener une perpendiculaire à <CQ>. Elle coupe la sous-stylaire au point <E>.
-par <E> mener une perpendiculaire à la sous-stylaire. C'est la ligne équatoriale <M1M2>.
-de <E> comme centre tracer un arc <QR> qui coupe la sous-stylaire en <R>.
On a: <QE> = <ER>.
-ce point <R> est le centre du rapporteur diviseur de l'équatoriale. On aligne une des graduations horaires du rapporteur (par 15°) sur XII et on divise l'équatoriale par toutes les graduations, de 15° en 15°.C'est par ces points de division que passeront les lignes horaires issues de <C>, pied du style polaire.
Remarque: on a vu qu'à la latitude 45°, <CM> = <MM1>. Donc le passage de l'équatoriale par <M1> est immédiat et procure <T> point triple où se croisent l'équatoriale, l'horizon et la ligne de VI heures (matin ou soir). Une équerre alignée sur <M1> et <T> procure alors le point <R>.
L'expression "peindre a fresque" vient de l'italien "a fresco" soit: peindre à frais. Cette technique utilise des couleurs détrempées dans de l'eau de chaux pour peindre sur une muraille fraîchement enduite. On se gardera donc de parler de fresques murales ce qui ferait un beau pléonasme. Et pourtant un styliste aussi brillant que le général de Gaulle n'a pas évité le piège, dans la troisième phrase de ses "Mémoires de guerre", où il évoque "...la Madone aux fresques des murs."
Historiquement, la technique de la fresque apparaît immédiatement après le procédé par détrempe et on trouve des vestiges de fresques dans les temples égyptiens.
La durée de vie d'une fresque dépend de la solidité de l'enduit mural; les Anciens peignaient sur une variété de stuc, d'une solidité éprouvée, et dont la composition n'a pu être retrouvée.
Au temps des grands maîtres italiens, l'enduit se faisait, à Rome, avec de la pouzzolane bien tamisée et mélangée à de la vieille chaux éteinte.
Exécutée sur un enduit frais, la fresque n'admet ni les retouches, ni les hésitations, ni les remords et l'artiste doit arriver devant son mur avec des dessins très élaborés possédant des contours nets et une localisation très précise des ombres et de la lumière.
Enfin, la peinture à fresque n'admet ni les couleurs composées, ni les couleurs artificielles et rejette la plupart des couleurs d'origine organique ainsi que les couleurs à l'aniline, pour ne se servir que des terres naturelles. Les couleurs essentielles seront le blanc de chaux, le noir de charbon végétal, les ocres, la terre de Sienne, la terre verte, le cinabre, l'outremer, les cadmiums, les cobalts, la garance, ainsi que les verts, bleus et violets à la chaux.
L'engagement et le combat du fresquiste l'impliquent totalement, tel un navigateur solitaire.
La dureté et l'effet de surface de la fresque proviennent d'une série de réactions chimiques dont le résultat est de lier étroitement les pigments de couleur à l'enduit de mortier lui-même. Ce dernier, en effet, est composé de chaux éteinte, ayant perdu son gaz carbonique, lors du passage au four. Il va donc absorber l'eau colorée et, réagissant au gaz carbonique de l'atmosphère, donner naissance à des sels de chaux cristallins (ou carbonates de chaux). Cette croûte transparente protègera les couleurs tout en les fixant. Or, comme ces couleurs sont des terres argileuses, des silicates, leur combinaison avec la chaux donne immédiatement un matériau dont la formule chimique est celle du ciment, ce qui explique la dureté d'une fresque bien faite.
Le procédé classique (buon fresco) enchaîne quatre opérations que nous ne faisons que citer:
-la préparation du mur.
-la préparation du crépi et de l'enduit: ("arriccio" puis "intonaco")
-le transfert du dessin par calques portant le "poncif", (carton piqueté de trous d'épingles)
-la peinture proprement dite.
Le geste pictural, par lui-même, est simple: les couleurs sont passées "au trattegio" ou "au glacis". Il est important de noter les points suivants:
-les couleurs baissent de ton en séchant, aussi le peintre doit parfaitement maîtriser sa gamme et sa palette.
-la formation de la pellicule de carbonate de chaux ne doit pas se réaliser trop rapidement, aussi faut-il presser la surface de la fresque pour y faire sourdre l'eau de composition, si l'on craint un dessèchement qui entraînerait des craquelures.
-le travail de chaque journée (giornata) sera arrêté par des bords en biseau pour faciliter les jonctions du lendemain.
Ces quelques lignes sont dénuées de toute prétention et elles doivent beaucoup à l'ouvrage de Jean Rudel:
"Techniques de peinture"
Ed.PUF/Collection "Que sais-je ?" N° 435.
Mais si elles pouvaient faire hésiter des mains inexpertes, chargées de Ripolin ou de Novémail et de bonnes intentions restauratrices, elles auraient trouvé la meilleure des justifications.
Quant aux cadraniers qui voudraient, sincèrement, apprendre tout ce qu'il y a à savoir sur cette technique des Maîtres, ils trouveront l'entière vérité, à la fois théorique et pratique, dans une notice développée par notre savant collègue Pierre J. DALLET. Seul, alors leur fera défaut, provisoirement ou à jamais, le tour de main de l'artiste; mais cela s'apprend devant le mur et non dans le recueillement des bibliothèques !
Tout au long de ces pages nous avons parlé, sans précautions oratoires, de la "méthode de Zarbula". Mais, s'il est vrai qu'il a utilisé cette méthode, à l'exclusion de toute autre, il n'en est pas l'inventeur. Bien avant lui, d'autres cadraniers l'ont employée et nous connaissons encore des cadrans, ainsi tracés, qui nous reportent près d'un siècle avant les débuts de Zarbula.
A l'occasion de recherches en Savoie, nous avons ainsi découvert les cadrans suivants sur lesquels subsistent de très nettes traces des constructions que nous venons d'exposer. Pour une description complète de ces cadrans nous renvoyons le lecteur à notre ouvrage:
"Cadrans solaires en Savoie"
Editeur: Société savoisienne d'Histoire et d'Archéologie .Chambéry 1999 [12]
a) Aime: église de Villette..........………..............1722
b) Valezan-sur Bellentre: église (2 cadrans).........1732
c) Bozel: tour sarrazine.............………................1736
d) Granier: habitation particulière......……...........1800
e) Granier: habitation particulière....…….............1806
f) Jarrier : église …………………………………1846
D'autre part, à La Salle (Val d'Aoste) un cadran tracé selon la même méthode a été reproduit dans l'ouvrage:
HORAE (Meridiane in Valle d'Aosta)
par M.L.Fantino et M.R.Monti-Cologna
Ed.Musumeci 1992.
Tous ces cadrans ont la particularité d'être situés très près du parallèle de latitude 45° donc là où la méthode zarbuléenne s'applique sans les contraintes de sa généralisation à d'autres latitudes. Nous avons exécuté de nombreux tests, non repris ici, avec des cadrans de déclinaisons comprises entre 10° et 80°, au sud-est ou au sud-ouest, pour des latitudes allant de 44° à 46°. Il nous est apparu qu'entre 44°30' et 45°30' de latitude, la méthode simplifiée ne provoquait aucune erreur décelable, dans le tracé des lignes horaires. Si l'on veut pousser jusqu'à 44° ou 46°, les minuscules écarts, engendrés alors, ne sont même pas nettement visibles. Quelques traitements par informatique sont également annexés ici, pour d'autres cas de figure.
Ainsi, entre l'Atlantique et Turin, la zone de la France et de l'Italie, bornée par ces parallèles 44° et 46°, pourrait bien receler de nombreux cadrans construits selon cette méthode. Car il n'y a pas de raison de penser qu'elle n'aurait été qu'une spécialité des Alpes. Bien au contraire, il faudrait se demander s'il n'a pas existé un savoir-faire de chantier, transmis de maître à apprenti, tout au long de la latitude 45° et tombé en désuétude lorsqu'on a été plus habile à mesurer la déclinaison des murs. Cela expliquerait pourquoi la technique du cercle hindou a disparu des traités de gnomonique, sauf lorsqu'il s'agit de tracer le méridien sur le sol. Mais le "méridien du cadran" n'y était plus mentionné.
Une dernière remarque s'impose à propos de l'utilisation que Zarbula a pu faire de cette méthode. Des commentateurs se sont étonnés de la production de Zarbula, certaines années, en particulier en 1840, avec onze cadrans. Or Zarbula disposait, chaque année, d'une bonne quinzaine de jours, à cheval sur la date du solstice d'été, pour tracer des sous-stylaires par la méthode du cercle hindou, sans terminer les cadrans. Une fois ses différents murs ainsi "gnomonisés", entre le 10 et le 30 juin, il avait ensuite tout loisir pour achever son tracé, quel que fût l'état du ciel. Presque chaque jour de juin, il aurait pu ainsi préparer un mur, même dans des villages éloignés les uns des autres.
[1] Alain Rota et Michel Floro Les Soleils de Zarbula, Editions de Haute-Provence 1994
[2] Voir le"Dépouillement" ci-après.
[3] Pierre Putelat: Cadrans solaires des Hautes-Alpes.1992
Pierre Putelat : Cadrans solaires des Alpes.1993, chez l'auteur à 05350 Molines-en-Queyras.
Dans notre dépouillement ces albums sont cités sous PHA pour le premier, PA pour le second
[4] Remarquer l'évolution de la formule générale des lignes horaires sur cadrans verticaux déclinants, lorsqu'il s'agit de VI heures du matin ou du soir, à la latitude 45°:
Dans: tg(z) = cos(La) / cos(d)*cotg(AH )+ sin(d)*sin(La)………..il vient:
tg(La)=1, cotg(AH) pour +/- 90°=0.Il reste: Tg(z) = 1/sin(d)
[5] La meilleure méthode, décrite par Y.Opizzo, en 1996, consiste à viser simultanément le mur et le Soleil grâce à un théodolite, en même temps qu'un ordinateur affiche, toutes les secondes, l'azimut du Soleil. La précision est de l'ordre de la minute d'arc.
Voir:P.Gagnaire et Y.Opizzo, Le Rêve d'une ombre, A paraître en 2004 ..., peut-être !
[6] On lira aussi, avec curiosité, l'ouvrage:
Epitome gnomonica ,par Carlo Cesare Scaletti,Bologne 1702, Iième partie, chap.I et II...pp.41 à 50.
[7] Docteur Raphaël Blanchard, L'Art populaire dans le Briançonnais:les cadrans solaires, édité en 1895 et en 1901, réédité en 1996 chez Artissime à Nyons.
[8] Traduction:"Moi aussi, je suis peintre !"
Exclamation d'Antonio Allegri, dit le Corrège, devant le tableau de Raphaël "La sainte Cécile".
[9] Nul, semble-t-il, ne s'est demandé pourquoi Zarbula manifestait une telle prédilection pour les oiseaux de Paradis. Ne serait-ce pas en raison de l'étymologie solaire de plusieurs des noms de ces oiseaux: Héliactin, Héliomaster, Hélianthe, Héliotrix, Phaëtornis ? Aurait-il pu les connaître ?
[10] Ce point nous paraît trop évident et trop important pour ne pas être signalé. Mais il est hors de question de le développer ici. Au lecteur qui voudrait approfondir ces réflexions, nous conseillons la lecture du volume "Symboles" de la célèbre collection "Zodiaque", chapitre II.
[11] Les amateurs d'héraldique penseront à la porte d'or qui figure dans les quartiers d'alliance des rois de France, depuis qu'en 1050, environ, Henri Ier épousa Anne de Russie, fille du Grand Prince de Kiev, Iaroslav Ier. De cette union naquirent Philippe Ier et trois autres enfants.
[12] En 2003, notre travail a servi de fil conducteur à François Isler pour son remarquable ouvrage : Cadrans solaires dans les Pays de Savoie, Editions : La Fontaine de Siloë à Montmélian
L’auteur y présente les superbes photographies qu’il a réalisées des 200 plus beaux cadrans de la Savoie complète, soit les départements 73 et 74, achevant ainsi l’œuvre que nous avions entreprise, sans pouvoir la conduire à son terme, et lui donnant un éclat difficilement surpassable.